The House of the Rising Sun

Les fêtes de fin d’année étant passées, et avant de parcourir la côte est de la Tasmanie, nous faisons une petite incursion dans les terres, à Bushy Park qui est la capitale du houblon en Tasmanie.
L’histoire de cette plante (dont la fleur sert à aromatiser la bière) commence au cours du 19ème siècle avec l’arrivée des colons anglais. Les armoiries de la Tasmanie comportent d’ailleurs un blason représentant les symboles de l’industrie tasmanienne : une gerbe de blé, du houblon, un mouton et des pommes.
La plus ancienne brasserie australienne (la Cascade Brewery) a été fondée en 1824 et est encore en activité près d’Hobart.

On peut être amateur de bière et ne pas savoir à quoi ressemble le houblon avant de passer dans la tireuse, alors on vous met une photo du produit avant transformation, histoire de voir que c’est forcément bon, puisque c’est des plantes !

On peut voir de nombreux séchoirs à houblon en bois à l’architecture très spéciale. Ils ne sont presque plus utilisés de nos jours, le houblon étant transporté immédiatement après la récolte à la brasserie et séché avec des moyens modernes.

Malgré leur taille, ils ne sont pas forcément faciles à trouver car ils sont souvent sur des propriétés privées au bout de “gravel road” (par chez nous on dirait des chemins jaunes) et surtout pas du tout indiqués.

Celui-ci s’appelle ” Text Kiln” et, comme fièrement indiqué sur le mur, il fut construit par “E. Shoobridge, J.P aidé de son épouse, de ses trois fils et de ses cinq filles” Il fut achevé en 1867 et des citations comme “L’union fait la force” ainsi que quelques passages choisis de la bible “Et ces mots que je te commande aujourd’hui seront dans ton cœur et tu les écriras sur les poteaux de ta maison et sur ta porte” émaillent les murs et nous remettent bien dans le contexte de l’époque.
On vous a mis la camionnette-à-tout-faire devant (avec Martine à l’intérieur, si si) pour que vous puissiez aisément vous rendre compte de la taille (et de l’ampleur du boulot abattu par la petite famille).

Du coup avec la petite mare devant et la maison de l’autre côté, ça faisait un coin charmant et comme on était tout seul, ça ajoutait encore du charme à l’endroit.

Après une charmante balade en forêt le long d’un petit ruisseau (avec les petits zozios, les fougères arborescentes et tout et tout…), nous arrivons aux Russell Falls.

Les Russell Falls sont des chutes d’eau du parc national du mont Field qui est le plus vieux parc aborigène du pays.

On avait de la chance, il y avait de l’eau ce qui n’est pas toujours le cas en cette saison (quand ça arrive, tu trouves ça moyen de t’être farci le chemin pas si facile le long d’un ruisseau sans eau et sans avoir réussi à photographier un seul de ces zozios qui bougent tout le temps et tout et tout…).

On est reparti par un autre chemin mais toujours le long d’un petit ruisseau (avec les petits zozios, les fougères arborescentes et tout et tout…).

On a bien regardé, mais on n’a pas vu de crime, du coup on n’a rien dénoncé (ça tombe bien, on n’est pas trop rapporteur !)

Sur la route, on jette un coup d’oeil à la gare de Westerway construite en 1909. C’était le point de départ du voyage à dos de cheval jusqu’à la mine d’ osmiridium Adamsfield. Puis, quand l’industrie du bois est devenue plus importante dans la région, le chemin de fer a été utilisé pour transporter des grumes jusqu’à Hobart.
Le bâtiment a été restauré par des volontaires du Derwent Valley Railway (maintenant qu’ils ont fini pourquoi ne pas restaurer la maison située juste en face ? ça les occuperait ces braves volontaires).

Nous retrouvons le bord de mer pour rejoindre Port Arthur où se trouve notre camping, pour y passer une bonne nuit dans le confort (tout relatif) de notre camionnette-à-tout-faire.

Tout près de l’isthme Eaglehawk Neck, on trouve une formation géologique extrêmement rare ressemblant au pavage des anciennes voies romaines appelé le “Tessellated Pavement” qui est du à l’action de l’eau salée sur des roches sédimentaires (c’est la version courte, je tiens la version longue à votre disposition) . Ce site est l’un des plus remarquables au monde car on y trouve à la fois des pavés avec des “joints” qui ressortent (en fait les pavés sont plus érodés par la mer que les interstices) et des plaques avec des “joints” érodés où les roches sont en relief comme de très gros pains cubiques!

Ce qu’on voit dans le ciel ce n’est pas la fumée des joints d’avant ni des nuages, c’est la fumée d’un gros “Bush Fire” comme ils disent ici, un incendie de forêt quoi.

Comme ça faisait longtemps, mais que je passe mon temps à courir après ces oiseaux-là (qu’est qu’ils sont vifs ! J’ai fait un nombre incroyable de photos avec juste la queue, ou alors carrément ils ne sont plus déjà plus dessus) voici monsieur Blue Wren (Mérion superbe) à gauche et madame à droite.

Les couchers de soleil c’est plus facile (surtout quand c’est juste devant la camionnette-à-tout-faire).

On peut même mettre un arbre devant, ça fait ombre chinoise !

Au bout de la la péninsule de Tasman, Port Arthur est un lieu mondialement connu pour son ancien pénitencier.
Établi en 1830 comme scierie se servant de la main-d’oeuvre des bagnards, Port Arthur devient en 1833 une colonie pénitentiaire pour les prisonniers récidivistes issus de tout l’empire britannique, qui ne pouvait plus les envoyer en Amérique après la fin de la guerre d’indépendance.

12500 convicts (forçats) passèrent à Port Arthur durant les dix-sept ans où le bagne fonctionna, jusqu’en 1850. Parfois de très jeunes garçons, pour des peines allant de deux années à l’emprisonnement à vie. Vols à l’étalage, bagarres, alcoolisme, opinions politiques… Tout et parfois n’importe quoi pouvait justifier la déportation.

La prison n’est reliée à la Tasmanie que par l’isthme d’Eaglehawk Neck, un passage d’une trentaine de mètres, alors protégé par des gardes et des chiens qui formaient la “Dog Line” (18 chiens, rendus fous d’être constamment enchaînés, qui étaient hébergés dans des fûts ou dans des petites huttes, devant une rangée de lampes de quatre mètres de haut. Deux ou trois plates-formes construites dans la mer complétaient le dispositif). Tout autour, l’océan et des eaux infestées de requins. Le port était alors la seule possibilité d’évasion et c’est pour ça que les marins devaient déposer dans une consigne rames et voiles, lorsqu’ils arrivaient sur la presqu’île.

On appliqua à la prison de Port Arthur le modèle mis au point par Jeremy Bentham au centre pénitentiaire de Pentonville en Angleterre et qu’il décrivait comme étant “une machine à moudre les voyous en honnêtes citoyens“. Ce modèle incluait la réformation des prisonniers par le travail (construction navale, coupe du bois), la religion et l’éducation, avec de la discipline, des sanctions et des châtiments corporels, ainsi qu’un classement et une séparation.

Mais Port Arthur était bien plus qu’une prison. C’était une communauté complète avec une maison pour le personnel militaire et les colons libres qui y travaillaient, un complexe industriel produisant des matériaux (pierres ouvrées, briques), des marchandises (meubles, vêtements) et même des bateaux (150 sortirent du chantier naval) ainsi qu’une ferme en pleine activité. Le contraste était grand entre la vie des bagnards et celle des personnels civils et militaires (avec leurs familles) pour qui régates, fêtes et soirées littéraires ne manquaient pas. En 1840, Port Arthur devint même un important port commercial. On comptait alors à l’époque environ 2000 habitants.

En 1842, est construit un hôpital, puis en 1848, une deuxième prison, appelée “Prison séparée” avec ses quatre-vingt cellules, où les prisonniers étaient encagoulés et gardés au silence complet. Ils étaient appelés par leur numéro de cellule et n’avaient plus le droit de parler, ne devant s’exprimer que par signes, même aux gardes.

Ouverte en 1848, cette prison était le symbole de ce qui était alors considéré comme une approche plus humaine d’incarcération, où le châtiment psychologique remplaçait la flagellation.

En réalité, la vie à Port Arthur fut toute aussi brutale que dans les autres colonies pénales et de nombreux bagnards ont souffert de maladies mentales résultant de l’isolement. A tel point qu’en 1864, un asile fut construit pour les loger.

A compter des années 1870, le nombre de bagnards avait diminué de façon spectaculaire, et ceux qui restaient étaient trop vieux, malades ou fous pour servir de main d’œuvre “utile”. Le dernier bagnard fut déplacé en 1877, et le site fut renommé Carnarvon. Dans les années 1880, certaines personnes achetèrent des parcelles de terrain et créèrent une nouvelle communauté sur et autour du vieux site.

En 1895 et en 1897, des incendies dévastateurs firent rage dans la région, détruisant de nombreux vieux bâtiments, notamment le pénitencier principal. Dans les années 1920, les habitants de la ville se rendent compte du potentiel touristique du lieu et décident de reprendre l’ancien nom de Port Arthur.

Des bâtiments sont restaurés, le site est mis en valeur et un musée est érigé. En 1971, le gouvernement reprend possession du lieu et le classe parc national.
Aujourd’hui, Port Arthur est devenu le site le plus visité de Tasmanie et fait partie des patrimoines mondiaux de l’Unesco.

Après une journée bien remplie sur Port Arthur, le soleil se couche et nous aussi.

Le lendemain nous quittons la péninsule de Tasman pour remonter la côte est de la Tasmanie. Nous nous arrêtons voir la Tasman Arch qui est un pont naturel, du à un phénomène d’érosion de la falaise qui a débuté il y a environ 6 000 ans.

Juste à côté, on peut voir la Devil’s Kitchen. En fait quand l’arche de la Tasman Arch s’effondrera, ça fera une deuxième Devil’s Kitchen (si c’est pas de la vulgarisation ça…).

Et enfin, non loin de là, un de ces “Blowhole” (trou soufflant ?) qui ravissent les photographes patients. L’eau s’engouffre par un petit tunnel et quand la marée est montante, ça fait comme un geyser de l’autre côté. Bon là la marée descendait visiblement et on n’était pas plus motivés que ça, alors du coup le geyser il est plutôt anémique.

Reste que toute la côte est superbe avec une mer de Tasman d’un très beau bleu.
On se retrouve au prochain épisode à Triabunna ville trépidante de 796 habitants (en 2006) !

Allez Topette !

6 réflexions sur « The House of the Rising Sun »

  1. Magnifiques les Russel Falls !
    Bravo à Georges d’avoir réussi à photographier un couple de ces speedy-pious.
    Je comprends que vous ayez eu envie de visiter la Tasmanie. C’est bien joli “-”
    Bonne continuation !

    1. Effectivement les zozios c’est pas le plus facile ! On n’est pas déçu par la Tasmanie, il y a toutes les bêtes qu’on aime avec parfois un petit air de Nouvelle-Zélande et des distances beaucoup plus courtes que sur la grande île.
      Bises du bout du monde,
      La Team Topette !

  2. Merci les amis pour toutes ces photos et infos sur des lieux que nous n’avons pas pu visiter…mais vous faites ça si bien pour nous 🙂 bises

    1. A ton service ! On prend plaisir à visiter et à apprendre des morceaux d’histoire, alors on va continuer.
      Bises les filles,
      La Team Topette !

  3. Magnifiques photos encore. Et je ne soupçonnais pas une seconde Georges, que tu aimais autant les petits zozios !

    1. Georges aime tout ce qui vole, des piafs aux A380, sauf les mouches, les moustiques et les guêpes !
      Bises à la haute-savoie,
      La Team Topette !

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