On dirait le sud

Chassez le naturel, il revient au galop dit-on. Donc, après cette bonne semaine relax (finalement c’est peut-être ça mon naturel), la bougeotte nous reprend et nous mettons cap au sud avec notre fidèle camionnette-à-tout-faire.

220 kms plus loin, les 15386 habitants de Busselton nous accueillent (non, je plaisante) fiers de posséder la plus longue jetée en bois de l’hémisphère sud, avec ses 1841 m, et qui est classée au patrimoine mondial. Ça en jette !

Sa construction commença en 1864, et fin 1865, la jetée était achevée avec 176 mètres de long. L’augmentation du trafic maritime conjuguée à une faible profondeur d’eau rendirent nécessaire l’extension de cette jetée en 1872 puis en 1875 et enfin entre 1884 et 1896. En 1911 une ligne de chemin de fer est ajoutée sur la jetée et en 1960 une dernière extension de 16 mètres a lieu pour atteindre les 1841 mètres actuels.

En 1972, la jetée de Busselton était fermée en tant que port maritime et le projet gouvernemental de sa démolition généra une vive opposition. Bien que fortement endommagée en 1978 par le cyclone Alby la première grande reconstruction a eu lieu en 1990. En 1999, un grand incendie la détruisit, isolant les 150 derniers mètres. En 2010, débuta le chantier de rénovation et l’année suivante, la jetée a été rouverte au public.

Au bout de la jetée, après un agréable trajet en petit train électrique, un poteau indicateur nous rappelle qu’on est à 14300 Kms de Paris. C’est sûr on ne sera pas rentré avant la nuit !

Bon, en fait si on va au bout de la jetée, ce n’est pas pour le panneau indicateur mais pour voir sous l’eau sans se mouiller. En effet il y a été construit un des six observatoires sous-marin  du monde, ce qui permet de découvrir, à 13 mètres de profondeur, plus de 300 espèces marines vivant autour de la jetée (notamment un beau poulpe au milieu).

De retour au camping, (celui avec la piscine chauffée, mumm) il s’est mis à pleuvoir de l’opossum ! En effet cette brave bête (qui vit surtout la nuit) a brusquement chuté de l’arbre qui ombrageait très agréablement notre camionnette-à-tout-faire et à deux mètres de Martine (ç’aurait pu être un accident peu banal). Était-il en train de rêver ou essayait-il de changer de branche ? Toujours est-il qu’il est resté un petit moment un peu sonné avant de remonter prestement chez lui.

Aucun rapport, mais vu à Busselton une variante du mode d’emploi des WC à l’attention des visiteurs chinois (et uniquement pour eux, l’alibi de la traduction n’étant même plus utilisé) et un magnifique tricycle (pour aller faire les courses chez Unico, visiblement) qui plairait beaucoup à Martine (qui, justement, fait ses courses chez Super U) s’il était électrique.

Quittant Busselton en direction du sud, nous faisons un treck (désagréable au possible car au milieu de milliers de mouches) autour du phare de Cape Naturaliste qui va se refaire une beauté. Puis nous admirons la belle plage de Yallingup.

Une pause pour la nuit au camping de Margaret River (haut lieu de la viticulture australienne, ce qui offre très peu d’intérêt quand on ne boit pas de vin) nous permet de vous montrer l’équipement type du campeur australien : pick-up 4*4 tractant une caravane surélevée, multiples bidons d’essence et d’eau, panneau solaire, caisse à outil de compétition, barbecue et un matériel de camping impressionnant. Tout ça pour se garer à côté de notre petite camionnette-à-tout-faire dans les campings. Sacrés aventuriers, va !

Un arrêt sur la belle plage de Surfers Point, pour voir s’il y en avait.

Visiblement les conditions étaient bonnes et les beaux surfers étaient sur la vague (il parait que les surfers sont par définition grands, beaux et blonds, comme les suédoises quoi…).

La plage d’Hamelin Bay est magnifique très loin d’être surpeuplée, et son eau est d’un beau turquoise !

Le phare de Cape Leeuwin, qui est le cap le plus au sud-ouest du continent australien, a été construit en 1895 avec des pierres calcaires locales peintes en blanc. Ses sept étages sont reliés par un escalier de 186 marches. Au bout de ce phare, se rejoignent les océans Indien et Austral.

Sa construction nécessitant de l’eau, il fut construit un espèce d’aqueduc en bois terminé par un système de roue à eau située en contrebas qui entraînait une pompe pour envoyer l’eau jusqu’au phare. Après la mise en service de celui-ci, cela permis aux gardiens de disposer d’eau. Maintenant la roue est pétrifiée par les minéraux présents dans l’eau.

Je vous ai mis le panneau explicatif, car je crains d’avoir été moins clair que l’eau de roche.

Notre halte au camping d’Augusta nous permet de vous faire partager un autre type de campeur australien, celui qui ne s’est jamais vraiment remis de la période baba-cool, mais avec beaucoup, beaucoup, beaucoup plus de matériel quand même (on est australien ou on ne l’est pas).

C’est aussi l’occasion de voir quelques beaux oiseaux, comme cette Colombine Lumachelle (appelée ici Common Bronzewing) qui passe sa journée sur le sol pour se nourrir et ne s’éloigne jamais très loin d’un point d’eau car elle doit boire souvent.

Et puis bien sûr le Kookaburra qui est un oiseau iconique de l’Australie. En français on l’appelle Martin Chasseur Géant d’Australie, et je ne résiste pas à vous mettre ci-dessous un extrait sonore de son cri.

Étonnant, non ? Comme disait l’aussi marrant Pierre Desproges.

Ça ne fait pas marrer les Pélicans à Lunettes qui se la pètent un peu, je trouve, tout ça parce qu’ils ont le plus grand bec d’oiseau connu avec une longueur record de 50 cm.

Nous nous arrêtons ensuite dans la riante bourgade de Pemberton (757 habitants) pour voir le fameux “Gloucester Tree” agé de plus de 250 ans. Cet arbre est muni d’une plate-forme de guetteurs de feux de forêt située à 61 m du sol à laquelle on peut accéder grâce aux 153 pieux fichés dans son tronc formant une sorte d’escalier qui monte en spirale autour de lui (du coup c’est chacun mon tour car on ne peut pas se croiser ni dans un sens ni dans l’autre, et la sécurité brille par son absence). Promis, dès qu’ils installent un ascenseur, on vous ramène une photo de là-haut !

On s’est contenter d’une petite balade au milieu de ces grands arbres qui s’appellent des Karri. Il s’agit d’une espèce d’Eucalyptus poussant dans les régions les plus humides du sud (environ 1 400 millimètres de pluie par an). Ces arbres peuvent vivre jusqu’à 350 ans, parfois plus. Ils atteignent leur taille maximale à environ 75 ans.
Ça nous a permis d’apercevoir une Perruche à Oreilles Jaunes (comme si les perruches avaient des oreilles, n’importe quoi ces noms de piafs).

Un peu plus loin, on est allé voir le Giant Tingle Tree. Avec une circonférence de 24 mètres à la base de son tronc, il s’agirait du plus large eucalyptus du monde. Son trou béant a été créé par un feu auquel il a survécu.
Il y a quelques dizaines d’années, il y avait un Red Tingle que les voitures étaient capables de traverser (il existe une photo avec un combi Volkswagen le traversant). Mais véhicules et piétons ont fini par endommager les racines de cet arbre géant, qui est mort en 1990.

La promenade au milieu de ce qu’il est convenu d’appeler la “Vallée des Géants” est très agréable. Ces arbres n’existent nulle part ailleurs en Australie, ni dans le monde entier, et certains d’entre eux ont plus de 400 ans. Les Tingle Trees figurent parmi les arbres les plus hauts du monde et certains atteignent jusqu’à 16 mètres de circonférence à la base.

Même si la photo est moyenne, je ne résiste pas au plaisir de vous montrer le Mérion de Lambert (Superb Fairy Wren) qui est un oiseau magnifique dans sa parure nuptiale. Les mâles changent de couleur en remplaçant les plumes brun terne par des bleu vif, des noires et des indigo avant la reproduction, puis redeviennent marron une fois la saison de reproduction terminée. Le but est de plaire aux femelles qui choisissent de préférence les mâles les plus colorés, mais être bleu est très risqué quand on est un petit oiseau facilement repérable par les prédateurs ! (ah, l’amour nous rend prêts à toutes les folies !)

Au camping de Denmark où nous faisons halte pour deux nuits, ils doivent savoir que nous aimons les animaux. Le comité d’accueil est composé de quelques Canards à Crinière, un groupe de Perroquets Rosalbin en train de refaire la pelouse devant les sanitaires et des Perruches à Collier Jaune (les déjà vues “Twenty Eight Parrot”).

Et aussi des kangourous qui se sentent déjà bien à l’aise parmi les tentes quand on est en pleine journée…

Du coup à la nuit tombée, il faut faire attention de ne pas en bousculer un quand on descend de la camionnette-à-tout-faire ! (Non, le rond blanc sur le premier kangourou ne provient pas de la visée d’un fusil à lunette, mais c’est le reflet de la lumière qui entoure le neiman de la camionnette-à-tout-faire).
Bref un camping comme on les aime, avec la wildlife incorporée.

Denmark est connue pour deux endroits dont l’un se nomme Elephant Rock, une formation calcaire dont le nom est suggéré par la forme des rochers qui ressemblent à un troupeau d’éléphants dans les eaux peu profondes de l’océan (pas évident à voir quand on est à jeun ce truc).

On vous mets un échantillon de différents point de vue, sous un ciel nuageux malheureusement (mais ça n’a pas duré, l’après-midi était ensoleillé, merci de vous être inquiétés pour nous).

Le premier qui dit qu’il vient de trouver un ou des éléphants ne sera plus invité à l’apéro !

Juste à côté d’Elephant Rock on peut voir un endroit appelé Greens Pool. C’est la plus populaire plage de Denmark protégée de la force de l’océan par une ligne de rochers au large, faisant de cet espace une grande piscine naturelle.

Non loin de là nous avons eu la chance de voir un Zostérops à dos gris qui nous a un peu fait les gros yeux.

Puis nous avons vu des fleurs (c’était la saison) mais pas de tortue (ça ne devait pas être la saison, ou alors c’est une publicité mensongère pour attirer les touristes).

Le camping d’Albany nous permet de vous faire découvrir une nouvelle race de campeur australien, le campeur perché (signe de beau temps le lendemain parait-il). A éviter lors de soirées trop arrosées, l’échelle devenant alors une épreuve insurmontable pour atteindre son lit.

Située sur la côte sud, à 408 kms de Perth, Albany (30 656 habitants) est la plus ancienne colonie de l’Australie Occidentale. C’est la ville qui a vu le premier convoi de soldats partir pour l’Europe en guerre le 1er novembre 1914.

C’est à Albany qu’on peut voir le Natural Bridge. C’est une formation de granit qui ressemble à un pont de pierre géant, résultat de l’usure progressive du granit par l’océan.

Juste à côté se trouve The Gap, un canal spectaculaire entre les parois de granit hautes de 40 mètres, qu’on peut surplomber sur une plate-forme d’observation qui s’avance au-dessus du vide.

L’environnement est très minéral avec des blocs de granit partout. Le site est impressionnant, malheureusement les photos n’arrivent pas à restituer la majesté et la force qui se dégage de cet endroit (faut y aller pour se rendre vraiment compte, quoi).

Parmi ces rochers, et parfois même sur le rocher, poussent quelques fleurs peu exigeantes en terre qui égayent l’endroit (alors pour les noms des fleurs, c’est pas nous. Nous c’est les oiseaux).

En parlant d’oiseaux, on a vu un Miro des Mangroves (en haut), un Merion sans sa parure nuptial (ou alors c’est une femelle, pas facile à différencier) et un Méliphage de New-Hollande (aucun rapport avec l’ancien président).

Le soleil se lève sur la plage d’Albany (et l’ami du petit déjeuner vient de passer), il est donc temps de prendre la longue route qui doit nous emmener à Esperance, bout de notre boucle sud.

On a pris la route malgré tous les dangers annoncés à grand renfort de panneaux. Même pas peur, on n’a rien écrasé, rien renversé, rien vu de tout ça non plus faut dire.

Cette photo est un résumé de la région d’Esperance (13 265 habitants). Un grand escalier de bois qui descend jusqu’à une plage de sable blanc magnifique, une mer bleue turquoise, c’est beau (mais ça se mérite, il faut quand même se taper 500 kms de bush pour y arriver avec absolument rien à voir tout du long).

Le tourisme est la principale activité de la ville, notamment grâce aux plages situées aux alentours qui sont considérées parmi les plus belles d’Australie.

Esperance connaît un climat méditerranéen avec des étés chauds et secs et des hivers froids et humides. La ville est soumise à de grands écarts de température avec des journées très chaudes en été quand souffle le vent du nord et des journées très fraîches en hiver quand souffle le vent du sud (c’est toujours marrant pour nous ces inversions).

Le nom d’Esperance vient du navire français du Capitaine Bruni d’Entrecasteaux. Au beau milieu d’une tempête, c’est ici qu’il dû trouver refuge.

Depuis le port de la ville est devenu le seul port en eau profonde de la côte sud de l’Australie occidentale capable d’accueillir des cargos jusqu’à 180 000 tonnes.

Le sable est vraiment très blanc. Il semble provenir de la côte calcaire rongée par l’océan. Nous y avons laissé une marque très éphémère (de pointure 43).

Côté fleur, on y a vu un Showy Banksia (Banksia Speciosa en français ?) d’une hauteur de 4 à 8 mètres il se régénère à partir de graines après un feu de brousse. Côté oiseau un Méliphage Bruyant (en haut, que je pensais être un dérivé de Martin Triste, quelle erreur d’amateur très débutant !) et encore une superbe Colombine Lumachelle (elle n’aurait pas l’intention de nous faire un nid dans la camionnette-à-tout-faire, des fois ?).

60 kms après Esperance, se trouve Lucky Bay. Élue la plage la plus blanche d’Australie c’est sans conteste la plus réputée. Une eau bleu turquoise…

… Un sable blanc éclatant, très très fin….

… Des Goélands ….

… Des Kangourous …. des quoi ????

Ah bien oui, dis donc, c’est un Kangourou !

Assez peu farouches (pour peu qu’on ne soit pas brusque) les Kangourous se laissent approcher et photographier assez facilement (Martine essaye d’en dresser un, mais ça marche moins bien qu’avec moi).

C’est un spectacle insolite que de voir des Kangourous sur la plage au milieu des pêcheurs et des vacanciers.

Par contre ce qui est désolant c’est de voir que tous ces gens viennent sur la plage en voiture (alors qu’il y a un parking à l’entrée). Mais un australien qui est à plus d’un mètre de sa voiture n’est plus un vrai australien… (c’est vrai aussi qu’avec un litre d’essence à moins de 1 €, pourquoi marcher)

En partant nous admirons une fleur de Lambertia Inermis communément appelé Chittick, un arbuste endémique du sud-ouest de l’Australie qui atteint 6 mètres de haut et fleurit du printemps à l’hiver (à gauche) et un Nuytsia Floribunda ou “arbre de Noël de l’Australie occidentale” (à droite, donc). C’est un arbre parasite qui peut atteindre 10 mètres de haut. Ses racines se fixent sur les racines des plantes voisines et accaparent leurs nutriments ce qui peut ralentir leur croissance sans en provoquer la mort.

Encore un superbe Méliphage New-Hollande (aussi appelé New Holland Honeyeater ou Méliphage à Barbe de Menton).

Tous les panneaux ne sont pas mensongers, la preuve en image !

Au retour, nous nous arrêtons sur d’autres paysages de côtes rocheuses….

… mais il suffit de s’avancer pour que le naturel revienne au galop ! (j’aime bien ce naturel là aussi, mer turquoise, sable blanc, on s’y fait assez vite je trouve).

Une dernière pour la route comme on dit et puis :

Allez, Topette !

8 réflexions sur « On dirait le sud »

  1. Merci les amis ..dire qu’il y a un mois tout juste nous étions à Espérance ! J’ai l’impression que c’était il y a 6 mois :-(. Et j’adore le “chant” kookobura, je l’enregistre sur mon smartphone pour me donner de temps en temps un coup d’Australie ! 🙂 Bises

    1. Ici aussi, on se le passe de temps à autre ! Je pense en faire ma sonnerie de portable, ça va plaire au boulot ….
      Bises,
      La Team Topette !

  2. Bon ça y est, ça me prend… j’arrive ! Vos photos sont trop bien… je m’envole demain, YES.
    On se croisera. Big bises.

    1. Tu as bien raison, viens toi aussi profiter du beau temps (et des innombrables plaisirs de la camionnette-à-tout-faire).
      Bises,
      La Team Topette !

  3. Encore un article savoureusement écrit, avec de superbes photos d’oiseaux ! Profitez-bien de ces paysages magnifiques ! Sophie et Gérard (de retour au Mexique depuis quelques jours où, à 2000m d’altitude, les oiseaux se font rares !)

    1. Merci à vous deux, mais je suis un peu content qu’il n’y ait pas trop d’oiseaux à photographier au Mexique, je serai un peu moins jaloux des superbes photos de Gérard
      Bises,
      La Team Topette !

  4. Vraiment chouettes toutes ces photos et les commentaires fort amusants !!! Les plages de sable blanc et l’océan bleu turquoise…hmmmm ! Les kangourous sur la plage, c’est vraiment surprenant !
    Bon tant pis…j’ose quand même car je trouve qu’Elephant Rock porte bien son nom, et pourtant je suis à jeun !!!
    Bonne route ! Bises

    1. Et ils n’étaient pas roses en plus les éléphants ? Ce sont peut-être les vapeurs de reblochon qui te font ça…
      Bises,
      La Team Topette !

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